mardi 11 septembre 2007

Une carte au heros du Rif en 1929 - Una carta para abdelkarim el khattabi en 1929











Correspondance adressée au héros du Rif
Lettre adressée au chef riffain Abdelkrim dans son exil à l'Ile de la Réunion
Auteurs de la lettre: Abdelkrim Hajji (19ans) et Saïd Hajji (17ans)

Londres, le 18 août 1929

A l'éminent chef et commandant illustre, au patriote sincère Abdelkrim Al Khattabi,
Nous avons l'insigne honneur de nous présenter à votre excellence. Nous sommes deux jeunes Marocains venus à Londres pour nous instruire dans l'intérêt de notre chère patrie. Nous déployons tous nos efforts pour poursuivre le combat que vous avez mené pour délivrer notre pays du joug du colonialisme. C'est pour nous un honneur de faire ainsi personnellement votre connaissance car, grâce à vous, nous rencontrons de la courtoisie et du respect dans tous les milieux libéraux en Grande Bretagne. Partout où nous passons, nous constatons que votre nom est lié à notre chère patrie. Nombreux sont ceux qui connaissent votre nom grâce à vos exploits qui étonnèrent le monde. La présente lettre dont nous souhaitons qu'elle ne prendra pas beaucoup de votre temps, est écrite avec les sentiments sincères que nous éprouvons à votre égard.

Chef glorieux, héros valeureux! Vous avez combattu pour votre patrie dans un moment critique. Vous avez montré à l'occident que la victoire appartient à la justice et au droit. Malheureusement, la situation changea. Vous avez fait connaître, par votre proclamation, au monde occidental que les enfants de votre patrie sont enchaînés par la servitude. Nous pensons avec une joie indicible à vos nombreuses victoires, espérant que Dieu les réitérera en notre faveur.
Nous vous adressons nos voeux les plus sincères à l'occasion de la fête du Mouloud (naissance du prophète) dont les salves (qui marquent chaque année le retour de cet évènement) nous rappellent l'époque de votre offensive contre deux grandes puissances aidées de leurs colonies alors que la victoire était votre alliée, époque durant laquelle nous parcourions les journaux qui annonçaient votre succès sur vos ennemis qui sont les nôtres.

... Adieu! Adieu! Vive notre patrie libérée! Que le souffle de la liberté fasse flotter l'étendard de notre chère patrie! Vos dévoués:
Abdelkrim Hajji et Saïd Hajji - 235, Regent Street, SW 1 - London
Abdelkrim Al Khattabi entour\'e de deux de ses lieutenants pendant la guerre du Rif (1921-1926)
Correspondance administrative relative à cette affaire
Le Ministre des Affaires Etrangères à Mr Lucien Saint, Résident Général de France à Rabat
Bordereau d'envoi No 2232 du 5 décembre 1929 portant
sur la colonne "observations":
"Pour information avec prière de me renseigner si possible sur les auteurs de la lettre à Abdelkrim".
sur la colonne "désignation des pièces":
"Copie d'une lettre du Département adressée en date de ce jour au Ministère des colonies et à l'Ambassade de France à Londres" ainsi qu'une "traduction française d'une lettre des nommés Abdelkrim Hajji et Saïd Hajji de Salé".
Le Ministre des Affaires Etrangères au Ministre des Colonies

Le 5 décembre 1929
Vous avez bien voulu me faire tenir, sous le No 383 du 25 novembre 1929, en original et traduction française, une lettre arabe adressée de Londres au chef riffain Abdelkrim et me demander, de la part du Gouverneur de la Réunion, si elle pouvait être remise à son destinataire.
En vous remerciant de cette intéressante communication, j'ai l'honneur de vous retourner ci-joint les documents qui en sont l'objet.
J'estime tout à fait inopportun de remettre à Abdelkrim aucun document de ce genre, qui serait de nature à lui faire croire qu'il compte encore des partisans résolus au Maroc.
Le Ministre des Affaires Etrangères à Mr Urbain Blanc, Délégué à la Résidence Générale de France à Rabat
Par bordereau 2232 du 5 de ce mois je vous avais transmis la traduction d'une lettre adressée à Abdelkrim par deux Marocains habitant à Londres.
J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint, à toutes fins utiles, copie d'une lettre, No 582, du 21 décembre 1929, par laquelle notre Ambassadeur à Londres me fournit les renseignements que je lui avais demandés sur la personnalité des signataires de la lettre dont il s'agit.
Le Contrôleur Civil chef des Services Municipaux de Salé à Mr le Contrôleur Chef de la Région Civile de Rabat
En vous retournant ci-joint la lettre confidentielle de M. le Chef du Service des Contrôles civils No 12 S.C.C. du 4 janvier, j'ai l'honneur de vous donner ci-dessous les renseignements demandés sur les auteurs de cette correspondance et sur leur famille.
La famille Ahmed Hajji est une famille notable de Salé alliée aux meilleures familles de la ville
Le père des jeunes correspondants d'Abdelkrim, Sidi Ahmed Hajji, homme de 55 ans environ, possède une fortune qui peut être évaluée à un million environ et représentée par des immeubles. Parmi ces derniers, figure une importante construction européenne où était installée l'ancienne poste de Salé. Cet immeuble doit rapporter à son propriétaire un revenu mensuel approximatif de 5.000 francs
Le chef de famille réside habituellement à Salé, mais il effectue annuellement au moins un voyage à Londres où il a installé un commerce d'objets marocains - anciens ou nouveaux - qu'on dit florissant.
Sidi Ahmed Hajji a cinq enfants mâles:
Abderrahma
l'aîné, âgé environ de 30 ans, jeune turc. Illettré en français, mais assez lettré en arabe. Célibataire. Sans aucun emploi. Hébergé par son père.

Esprit remuant. Toujours à la tête de tous les mouvements. Promoteur de la mise en circulation à Salé d'une liste de souscriptions en faveur des musulmans de Jérusalem au cours des derniers évènements palestiniens.

Visite très souvent l'ancien Vizir de la Justice Bouchaïb Doukkali. A fait de nombreux séjours à Londres où il n'est plus retourné depuis un an.

Mohammed

âgé d'environ 26 ans, réside habituellement à Londres. C'est lui qui s'occupe du commerce installé dans cette ville par son père. N'a plus reparu à Salé depuis plus d'un an. Passablement lettré en arabe. Parle couramment l'anglais et suffisamment le français.

Abdelmajid

âgé d'environ 22 ans. A fréquenté pendant quelque temps l'Ecole des Fils de Notables de Salé, mais a quitté cet établissement pour compléter ses études musulmanes à Naplouse (Palestine). Parle un peu le français - infirme, pied-bot.

Abdelkrim - âgé de 19 ans et Saïd - âgé de 17 ans: ce sont les auteurs de la lettre à Abdelkrim.. Ont fréquenté l'Ecole des Fils de Notables de Salé pendant 2 mois. Ne disent que quelques mots français, mais parlent suffisamment l'anglais.

De retour d'Angleterre depuis une huitaine, se sont mis en instance d'obtenir un passeport pour être autorisés à rejoindre à Naplouse leur frère Abdelmajid et y compléter eux-mêmes leurs études musulmanes.

Le Contrôleur Chef de la Région Civile de Rabat à Mr le Ministre Plénipotentiaire (Service du Contrôle Civil) - Rabat

Comme suite à votre lettre No 12 SCC-I du 4 janvier 1930 relative à une correspondance adressée à Abdelkrim, j'ai l'honneur de transmettre ci-joint copie d'une note de Mr Gabrielli, Chef des Services Municipaux de Salé, concernant l'identité, les attaches de famille et les antécédents des frères Abdelkrim et Saïd Hajji.

Ces deux jeunes gens appartiennent à une famille notable de Salé, alliée aux familles du Pacha Mohammed Sbihi, Aouad, Hassar et Msettes. Le pacha de Salé et Ahmed Hajji sont mariés avec les filles de Mohammed Msettes, notable de cette ville. Mekki Sbihi, frère du Pacha, est l'époux d'une fille d'Ahmed Hajji. Les deux fils aînés de ce dernier vont épouser deux filles Aouad.

(Les informations contenues dans cette note sont en partie erronées, Abderrahman n'ayant séjourné qu'une seule fois pendant un an et demi en Angleterre, le pacha n'ayant pas épousé l'une des filles de Mohammed Msettes, ici il y a erreur sur la personne puisque c'est le demi frère du pacha, Omar Sbihi qui s'est allié à la famille Msettes. En ce qui concerne les projets de mariage des frères Abderrahman et Mohammed, c'est le second qui envisageait de s'allier avec la famille Aouad, tandis que son frère aîné, le premier nommé allait se marier deux ans plus tard avec l'une des filles du Cadi de Salé, Abdelkader Touhami. - Note de l'éditeur)

Abdelkrim Hajji s'est présenté à cette région demandant un passeport pour se rendre avec son frère Saïd à Naplouse où ils comptent poursuivre leurs études arabes dans une médersa qui leur aurait été recommandée à Londres. Dans cette dernière ville, ils auraient séjourné environ 2 mois; ils étaient élèves au "Marbel School".

Hajji Abdelkrim, interrogé au sujet de la lettre adressée à Abdelkrim, a déclaré l'avoir rédigée dans les circonstances suivantes :

"A Londres se trouve une colonie musulmane assez importante comprenant en grande partie des Anglais convertis, des Hindous, des Egyptiens et quelques Marocains. En arrivant dans la capitale britannique, nous avons été mis en relations avec certaines personnalités musulmanes qui m'ont posé de nombreuses questions intéressant la situation sociale, politique et économique du pays. J'ai été surtout interrogé sur Abdelkrim et son action dans le Rif. Je n'ai pu leur fournir beaucoup de renseignements à ce sujet car, étant au Maroc, je ne m'étais pas intéressé à cette question. J'ai remarqué chez tous les musulmans que j'ai fréquentés à Londres un fort mouvement de sympathie en faveur d'Abdelkrim. J'ai subi l'influence du milieu et, à l'instar de ce qu'ont fait la plupart de mes coreligionnaires de là-bas, j'ai rédigé la lettre que vous connaissez.

Je regrette mon acte et en demande pardon au Gouvernement Protecteur, car il émane d'un jeune sans expérience, qui a agi inconsciemment et a été trompé par les gens qu'il a fréquentés. J'appréhende le courroux qu'il provoquera chez mon père et les autres membres de ma famille qui ne manqueront pas de juger sévèrement mon attitude". (sic)

Abdelkrim est un tout jeune homme, mais il semble appartenir à cette catégorie de jeunes Marocains exaltés, qui sont à la merci de toutes les suggestions, et qui voient dans la terre d'Islam d'Orient, le pays qui détient le monopole de la science islamique. C'est un agitateur en herbe qui mérite d'être surveillé.

D'ailleurs, au cours d'une visite qu'il me fit précédemment, Abdelkrim Hajji m'a déclaré avoir décidé d'aller s'instruire hors du Maroc, parce que ses compatriotes recevaient dans leur pays une éducation défectueuse. Il a ajouté que le Gouvernement britannique et le Consul Royal d'Egypte à Londres lui avaient promis toutes facilités pour son installation avec son frère Saïd à Naplouse.

J'attends vos instructions pour la délivrance des passeports demandés.

Signé: Peyssonnel

Le Commissaire Résident Général de la République Française au Maroc à Mr le Ministre des Affaires Etrangères - Paris

Votre Excellence a bien voulu me transmettre copie d'une lettre de notre Ambassadeur à Londres au sujet de deux jeunes Marocains, habitant cette capitale, auteurs d'une lettre à Abdelkrim.

Je n'ai pas manqué de faire rechercher la filiation au Maroc de ces deux jeunes gens, leurs attaches de famille, dans le dessein de déterminer si leur initiative ne répondait pas à des fins politiques.

Par une circonstance heureuse, les deux jeunes correspondants d'Abdelkrim sont de retour d'Angleterre. Ils ont pu être interrogés. Le compte-rendu ci-joint du Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat précise le caractère irréfléchi d'une initiative qui a eu, entre autres effets, celui d'alarmer une famille de Salé jusqu'ici convaincue de loyalisme à notre égard. (!)

L'incident serait donc sans portée si les déclarations du jeune Abdelkrim Hajji ne soulignaient pas la mise en oeuvre d'une influence étrangère.

Ce jeune homme, en effet, déclare qu'il s'est trouvé à Londres dans un milieu d'Anglais convertis, d'Hindous, d'Egyptiens, de Marocains où le chef rebelle du Rif rencontre une vive sympathie.

L'influence de ce milieu l'a conduit, par esprit d'imitation, dit-il, à se manifester auprès de l'exilé. Son jeune frère, Saïd Hajji, s'est associé à ce geste.

L'un et l'autre ont exprimé leurs regrets à l'instigation toute naturelle de leur famille désireuse de nous faire oublier une incartade de jeunesse. Notre intérêt se serait accommodé, sans peine, d'une solution bienveillante, si Abdelkrim et Saïd Hajji se résolvaient à se fixer au Maroc, au milieu des leurs. Mais ils introduisent une demande de passeports, pour se rendre à Naplouse, où ils prétendent continuer leurs études.

Cette Résidence ne pense pas - surtout après la faute commise - qu'il soit possible d'acquiescer à une pareille demande. Elle est donc décidée à refuser les passeports. Votre Excellence appréciera, sans doute, que ce geste est nécessaire.

L'évolution de nos jeunes protégés doit se faire par nous et pour nous. Il n'y a ni raison ni intérêt à accepter qu'elle se fasse par d'autres, contre nous.
Bordereau d'envoi a/s lettre adressée à Abdelkrim
Le Ministre des Affaires étrangères au Résident Général de France à Rabat
Le Ministre des Affaires étrangères au Ministre des Colonie
Le Résident général de France à Rabat au Ministre des Affaires étrangèr
Rapport Terrasse sur l'Université de Naplouse
Le Directeur Général de l'Instruction Publique au D. G. des Affaires Indigènes

le 24 février 1930: Vous avez bien voulu, à différentes reprises, me faire savoir que des jeunes gens marocains, notamment de la zône espagnole, se rendaient à Naplouse, en Palestine, pour y faire des études d'arabe. De mon côté, j'ai appris que cette ville et son université attirent l'attention de certains Marocains de la zône française.

Mr Terrasse, professeur à l'Institut des Hautes Etudes Marocaines, qui vient de parcourir la Palestine et la Syrie à l'occasion d'une mission que lui a confiée le Ministère des Affaires Etrangères, a pu obtenir quelques renseignements sur Naplouse. Cette ville est réputée pour son fanatisme musulman et par sa xénophobie. Néanmoins, il s'y trouve une sorte d'Institut américain catholique, dont le niveau des études est plutôt médiocre. D'après les impressions de Mr Terrasse, les Américains mènent dans les milieux musulmans une lutte sournoise contre ce qui est européen, même anglais.

Tout porte à croire que si les Marocains n'acquièrent pas à Naplouse une culture ni une instruction très moderne, ils y reçoivent des leçons de nationalisme et de fanatisme dont les puissances coloniales font les frais.

Demande d'autorisation de sortie après le 16 mai 1930
Note du chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Générale

le 14 octobre 1930: J'ai l'honneur de vous faire savoir que le nommé Ahmed Hajji, notable de Salé, s'est présenté à cette Direction et a demandé l'autorisation d'envoyer ses deux fils, Abdelkrim et Saïd, poursuivre leurs études à l'Université Islamique à Beyrouth.

Sidi Ahmed Hajji a exposé que ses fils avaient pris part au récent mouvement d'agitation à Salé. Pour les empêcher de retomber dans des errements regrettables, il lui paraît judicieux de les éloigner et de leur donner une occupation.

Déjà, au début de cette année, Sidi Ahmed Hajji avait manifesté l'intention de confier ses enfants à un collège de Naplouse (Palestine). Nous avions alors refusé d'accorder les passeports demandés, car nous estimions que l'évolution de nos jeunes protégés devait se faire par nous et pour nous et qu'il n'y avait ni raison ni intérêt à accepter qu'elle se fît par d'autres, contre nous.

Toutefois, la nouvelle requête présentée par Sidi Ahmed Hajji me paraît devoir être prise en considération. Je crois, en effet, qu'il ne serait pas opportun, du point de vue politique, d'empêcher de jeunes Marocains de bonne famille de compléter leur instruction dans un pays placé sous le mandat français et où il nous est d'ailleurs facile de les faire surveiller.

Je vous demanderai, en conséquence, de bien vouloir informer ce notable de ce que le Gouvernement du Protectorat est disposé à accorder les passeports nécessaires. Mais il faudra lui exposer nettement que cette mesure de bienveillance lui impose des obligations. Ses fils devront s'adonner exclusivement à leurs occupations scolaires, ne faire partie d'aucun comité à tendances politiques et s'abstenir de publier des articles, de quelque nature qu'ils soient, dans les journaux de langue arabe. Dans le cas où ils ne se conformeraient pas strictement à ces directives, ils seraient renvoyés au Maroc et rendus à leur famille.

Vous voudrez bien me faire connaître la date de leur départ pour Beyrouth afin que je puisse aviser, en temps voulu, le Haut Commissaire en Syrie, aux fins de surveillance.

Le Chef du Service du Contrôle Civil à Mr le Directeur Général des Affaires Indigènes

Bordereau d'envoi en date du 15 novembre 1930 comportant la transmission de la lettre du chef de la circonscription de Salé du 4 novembre 1930 et relative au départ pour l'Université Islamique de Beyrouth d'Abdelkrim et Saïd Hajji. Cette lettre portant la signature de Mr Gabrielli est destinée au Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat.

Comme suite à votre transmission No 3467 D. du 22 octobre et en exécution des prescriptions contenues dans la lettre No 1773 DAI du 14 du même mois, j'ai l'honneur de vous faire connaître que les deux fils Hajji (Saïd et Abdelkrim) ont quitté Salé à destination de Beyrouth, hier lundi par le train de 22h40 (passeports No 3937 et 3938 en date du 27 octobre 1930). Ils se rendent en Syrie par la voie Tanger-Marseille-Alexandrie. Avant leur départ, ces jeunes gens se sont engagés à ne faire partie d'aucun groupe à tendances politiques et à s'abstenir de publier ou d'inspirer aucun article dans les journaux de langue arabe.
Lettre du Résident Général Lucien Saint au Haut Commissaire de la République Française en Syrie et au Liban
le 25 novembre 1930: J'ai l'honneur de vous faire connaître que les deux frères Abdelkrim et Saïd Hajji ont quitté Salé le 3 Novembre dernier, à destination de Beyrouth, via Tanger-Marseille-Alexandrie. Ces deux jeunes gens, ressortissants français (?), titulaires des passeports No 3937 et 3938 en date du 27 octobre 1930, ont déclaré se rendre à Beyrouth pour y poursuivre leurs études à l'Université Islamique. Bien qu'ils aient pris part au mouvement d'agitation, consécutif à la parution du dahir du 16 mai 1930, sur l'organisation de la justice berbère, je n'ai pas cru devoir mettre obstacle à leur désir.
Toutefois, ils se sont engagés avant leur départ à s'adonner exclusivement à leurs occupations scolaires, à ne faire partie d'aucun comité à tendances politiques et à s'abstenir de publier des articles, de quelque nature qu'ils soient, dans les journaux de langue arabe. Dans le cas où ils s'écarteraient de cette ligne de conduite et qu'ils ne respecteraient pas leurs engagements, je vous serais très obligé de vouloir bien m'en aviser.
Au Chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Général
Le chef du Service du Contrôle Civil au D.G. des Affaires Indigène
Le Contrôleur Civil de la Circonspection de Salé au Contrôleur Civil de la Région de Raba